Rechercher

Et si cet été j’apprenais à mon enfant à nager (Partie 1)

mangezbougezkiffez
15 juin 2017
7 min de lecture

En 2015, l’Institut de veille sanitaire et la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises du ministère de l’Intérieur ont publié une étude sur les noyades survenues entre le mois de juin et le mois de Septembre. Ce ne sont pas moins de 1 266 accidents de noyades qui sont survenus dont 436 qui se sont suivis d’un décès. Parmi ces accidents 226 concernaient des enfants de moins de 6 ans (29 décès).

« Oui des chiffres des chiffres, mais ces gens là n’ont pas du faire attention ! »

Malheureusement ça n’arrive pas qu’aux autres. Ce n’est pas pour rien si je fais cet article maintenant, il commence à faire chaud et tout le monde va vouloir se rafraîchir, malheureusement un moment d’inattention est vite arrivé. Pour limiter les accidents il est peut être bon d’apprendre à nager à son enfant.

ATTENTION !! Lui apprendre à nager ne veut pas dire ne plus le surveiller!!!

« Ça va… ils sont censés l’apprendre au collège le savoir nager non ?! »

Le savoir nager du collège permet de s’assurer qu’à la sortie du collège tous les futurs adultes sachent nager…ça c’est une priorité politique. Mais pourquoi attendre les 15 ans de votre enfant pour lui apprendre ?

« Oui enfin on sait toujours pas quoi faire… »

Allons-y par étapes. Dans ce premier article nous resterons sur le cas des jeunes enfants qui ne vont que très rarement voire qui ne sont encore jamais allés à la piscine. Pour eux l’important sera surtout de les faire kiffer pour qu’ils acceptent l’eau.

« Il est un peu fatigant avec son ‘il faut kiffer par ci…il faut kiffer par là’… »

Ce n’est pas anodin si je parle de kiffer. L’eau est un milieu particulièrement anxiogène pour les enfants et mêmes pour les plus grands. Donc avant de vouloir être exigeant avec les petits bouts essayons de nous mettre à leur place. Voici ce qu’ils peuvent vivre :

Le grand bassin : pour eux il représente comme un puits sans fin dans lequel on pourrait tomber au fond et se noyer. Imaginez vous en haut d’une falaise…vous sauteriez vous ?

Ne pas avoir pied : les enfants recherchent sans cesse le contact avec leurs pieds. Bah oui sur terre tant qu’ils ont les pieds au sol ils ne risquent rien alors que dans l’eau ils ont beau appuyer les pieds s’enfoncent. Imaginez-vous dans des sables mouvants…angoissant non ?

La peur de l’isolement : une fois la tête dans l’eau on est coupé du monde…on ne peut pas parler, ni crier ou prévenir quelqu’un si ça ne va pas et ça c’est angoissant…on est toujours plus rassuré quand on est avec quelqu’un et qu’on peut communiquer !
L’étouffement : facile quand on est hors de l’eau, on peut faire de l’apnée etquand on sent qu’on a besoin de respirer il ne suffit que de reprendre une inspiration…mais ça ce n’est pas possible dans l’eau et c’est angoissant pour un enfant.

La noyade : les enfants peuvent avoir peur de mettre la tête dans l’eau et encore plus d’ouvrir la bouche…bah oui l’eau est un fluide et pourrait remplir le corps si on lui laisse un passage pour rentrer.

Toutes ces représentations peuvent paraître ridicules pour un adulte mais dites vous que c’est réellement ce que peut vivre votre enfant, et ce sont des émotions très dures à supporter quand on n'a que 5 ans. Donc avant de vouloir apprendre quoique ce soit à son enfant il faut qu’il soit à l’aise dans l’eau, qu’il n’en ait pas peur. Mais attention, un enfant à l’aise est un enfant qui fait moins attention donc ce sera à vous de redoubler de vigilance.

« D’accord…on fera attention mais dis nous quoi faire un jour quand même ! Moi pour le rassurer je lui tiens la tête ou le ventre comme ça il a moins peur et il peut nager »

On voit beaucoup de gens faire comme ça. Pendant longtemps les enfants apprenaient à nager hors de l’eau en reproduisant les gestes dans le vide allongés sur un tabouret…ça vous parait ridicule ? Bah en tenant l’enfant par le ventre on en est pas loin…Difficile pour l’enfant de prendre de vrais repères dans ces conditions, il faut lui faire vivre le milieu aquatique de manière progressive mais libre. Aujourd’hui je vous donne une méthode mais sachez que l’apprentissage de la natation fait beaucoup débat.

Étape 1 : Accepter d’entrer dans l’eau

Ça peut paraître bête, mais ça risque d’être difficile d’apprendre à nager si votre enfant a déjà peur d’aller dans l’eau. Ne le forcez pas, incitez le mais sans le forcer. N’oubliez pas toutes ses peurs de petit bout. Alors on y va progressivement. Laissez-le descendre à l’échelle (celle du petit bain évidemment), une marche après l’autre, sans précipitation, ça va venir tout seul. Si vous êtes dans l’eau, déjà, ça l’aidera à vouloir y aller. Donc mouillez vous :) !

Étape 2 : Accepter de mouiller tout son corps

On l’a dit, l’eau fait peur et on ne veut pas y mettre la tête. Dans ce cas si ce n’est pas la tête qui va vers l’eau essayons de faire en sorte que ce soit l’eau qui vienne au visage. Et comment on fait ? une bonne bataille d’eau parait prometteuse. Toujours dans le petit bain, laissez vous faire arroser et progressivement répondez ! Il faut que l’eau devienne un jeu, que l’enfant accepte ce nouveau milieu sans vraiment s’en rendre compte.

Alors on sait que vous êtes plus fort que l’enfant pas besoin de le bombarder comme un barbare (hihi) ! Faites des pauses, laissez l’enfant se reposer, pouvoir parler, s’exprimer ! Ça lui permettra de comprendre qu’on ne se noie pas forcément avec de l’eau.

Étape 3 : Accepter de mettre son visage dans l’eau

Maintenant que l’eau peut venir au visage il faut l’inciter à mettre la tête de lui-même. Pour cela on s’y prend comment ? Le JEU ! Comme d’habitude. Le but ici est de montrer à l’enfant qu’on peut mettre la tête sous l’eau, qu’on ne va pas se remplir et surtout qu’on va pouvoir remonter à la surface pour pouvoir reprendre son souffle. Gardons en tête le principe essentiel : la progressivité !

On peut commencer juste en faisant un concours de bulles dans l’eau. « Attention à 3 il faut faire le plus de bulles possible en soufflant dans l’eau comme si on soufflait sur des bougies ! » Ça je n’ai pas trop d’inquiétude, ils savent le faire…bah oui on rallume 15 fois les bougies à chaque anniversaire.

On peut aussi faire la course des manchots. Chacun a un objet flottant en face de lui. Départ dos contre le mur. Le but est d’apporter l’objet jusqu’au mur d’en face en le poussant avec son visage sans s’aider des mains. L’enfant sera obligé d’amener la tête dans l’eau et de la ressortir pour reprendre son souffle.

Étape 4 : Accepter de ne plus avoir pied

En bon humain qui vit sur terre l’enfant n’a qu’un seul réflexe : trouver le contact du sol avec ses pieds ! Et oui la sécurité avant tout, on se protège ! Seulement il est difficile de nager si on a les pieds accrochés au sol du petit bain…du moins on a jamais vu Manaudou nager comme ça…

Pour cela, toujours progressivement, laissez votre enfant se balader le long des murs de la piscine en s'accrochant au rebord. Vous allez voir au début il cherchera à agripper le mur avec ses pieds, mais déjà il acceptera progressivement de ne plus avoir le même contact et sera plus sur les pointes de pied. Ensuite mettez lui des petits obstacles en mode petit parcours du combattant (sans mettre la tête dans l’eau pour le moment). Par exemple mettez vous en travers de son chemin ou mettez une frite en U…ainsi, même s’il garde un contact avec les mains, il va progressivement abandonner l’ancrage qu’il a avec ses pieds.

Étape 5 : Accepter de s’immerge entièrement

Ok je suis un enfant de 6-7 ans…j’ai appris à mettre la tête dans l’eau mais ça fait quand même peur d’aller tout au fond…imaginez que je n’arrive pas à remonter ! Bon il va falloir dédramatiser le fond. En restant toujours dans le petit bassin pour qu’il puisse remonter assez vite à la surface, il va falloir l’inciter à s’immerger entièrement pour ne pas toujours rester à la surface. Il parait important de lui mettre des petites lunettes de natation pour le rassurer, c’est toujours mieux quand on voit où on va !

L’idéal pour cette étape est de s’équiper d’objets qui coulent. Pour commencer, installez des objets à chaque marche de l’échelle. Faire ça permettra une progressivité dans la profondeur à aller explorer mais aussi l’échelle peut aider pour se tenir et ça rassure.

On peut ensuite mettre les objets à nos pieds et demander à l’enfant d’aller le ramasser en s’agrippant à notre corps.

On peut ensuite écarter l’objet de nos pieds pour l'inciter, une fois descendu le long de notre corps, à se lâcher pour aller le chercher.

Enfin vous pouvez jeter l’objet dans l’eau et l’enfant doit aller le ramasser seul.

N’oubliez pas qu’il faut que l’apprentissage soit un plaisir alors n’hésitez pas à faire tout ça sous forme de jeu, de compétitions, seul ou avec d’autres enfants, etc…

Étape 6 : Combiner le tout et être inventif

Maintenant vous allez pouvoir commencer à réfléchir à des petits jeux qui combinent toutes ces étapes…un concours de plongeons, le jeu des déménageurs, etc…à vous d’être inventif ! L’important est de ne pas griller les étapes et de laisser du temps à votre enfant.

Si ces étapes ont pour ambition de travailler contre les peurs de votre enfant, n’oubliez pas que ces peurs restent présentes…à des degrés moins importants certes mais toujours là ! Donc n’hésitez pas à y aller progressivement, à jouer pour dédramatiser le milieu aquatique. Surtout ne le brusquez pas, tous les enfants ont envie de jouer donc s’il se bloque ou ne veut pas c’est peut être que dans sa tête il se passe quelque chose…donc essayez de le comprendre, laissez le s’exprimer !

AVERTISSEMENT : Un enfant à l’aise dans l’eau aura tendance à tester des choses. Tant mieux c’est comme ça qu’il progressera ! Mais il est important pour vous de rester vigilants en le surveillant !!

Les petits jeux proposés ne sont que des exemples, l’important sont les étapes et les obstacles émotionnels à surmonter pour finalement lui apprendre à nager (mais ça se sera dans un prochain article). Maintenant libre à vous d’inventer, de chercher sur internet ou dans des livres de nouveaux jeux. Je vous mets deux références qui pourraient vous aider.

Et n’oubliez pas, kiffez et faites le kiffer

Signé : votre anti-coach sportif